Agriculture : fin de crise, vraiment ?

Section de

Fédération de la Marne du Parti Communiste Français

Le pas de deux entre le premier ministre et des syndicats agricoles a permis l’interruption du mouvement des agriculteurs, sans avoir concrètement sorti de l’ornière les paysans pris à la gorge par le modèle de l’agrobusiness. Se contentant d’enveloppes ponctuelles et de contrôle sur l’application des lois Egalim (reconnaissant au passage que jusque-là l’impunité prévalait), le premier ministre Gabriel Attal laisse de côté la question centrale, celle du revenu paysan. Rien par exemple sur « l’interdiction d’achat en dessous du prix de revient des produits agricoles », exigée par la Confédération paysanne, ou sur la « garantie par l’État de prix planchers rémunérateurs », en tête des revendications du Mouvement de défense des exploitants familiaux.

Quant aux traités de libre-échange, il y a seulement un vague engagement contre l’accord UE-Mercosur et le silence sur tous ceux déjà en vigueur. Une quarantaine de ces traités de libre-échange ouvrant la voie à des importations agricoles et alimentaires à bas prix sont déjà actifs. Ces accords ont bien sûr été adoptés loin du regard des citoyens, et souvent même du regard des agriculteurs eux-mêmes.

L’hôte de Matignon préfère détricoter les normes environnementales avec la mise au rebut du plan Écophyto, la volonté de ne plus interdire de pesticides autorisés ailleurs en Europe ou encore celle d’en finir avec les 4 % de jachères. Mais quand, à force d’intensification de la production et de pollution, les terres seront aussi épuisées que les agriculteurs, ce sont aussi bien leur outil de travail que notre souveraineté alimentaire qui seront en péril.

Utiliser des quantités toujours plus importantes d’intrants (pesticides…), n’est pas l’horizon souhaitable, alors que les maladies environnementales et la mortalité associée explosent. Ceux qui poussent à faire « sauter les normes » ne le font pas pour que les paysans gagnent mieux leur vie, mais pour garantir les marges des géants de l’agrobusiness. Ce n’est donc pas une fin de crise, mais une fuite en avant. Il est pourtant possible d’avoir un grand débat et d’agir pour mettre en œuvre un système agricole différent qui permet aux paysans de vivre de leur travail, sans compression de salaire pour les travailleurs agricole , et qui préserve la biodiversité et la santé humaine.