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Zola dans le vignoble champenois 

Libre opinion paru de l'Union du lundi 2 octobre 2023

Les affaires se multiplient dans la Marne. Des contrôles de l’inspection du travail ont mis à jour l’exploitation et des conditions épouvantables d’hébergement de vendangeurs, parfois sans papiers, par des prestataires sans scrupule. Des situations qui scandalisent tant elles sont inimaginables en 2023, d’autant plus dans une région aussi riche.

Même si les faits sont très minoritaires, ils interpellent l’ensemble du vignoble champenois. L’exploitation de la misère n’est pas nouvelle, elle frappe régulièrement les zones de productions agricoles, singulièrement dans le sud de l’Europe, avec parfois des cas de «traite» humaine. Il n’y a malheureusement pas de hasard si de telles situations existent. D’où la nécessité d’instaurer des règles plus protectrices, de multiplier les contrôles et permettre à la justice d’établir les chaînes de responsabilités. En toile de fond apparaissent les logiques du libéralisme et des règles minimums dans lesquels s’engouffrent les excès liés à la gangrène de la cupidité. Sont interrogées aussi les logiques de sous-traitance et la responsabilité des donneurs d’ordre envers les prestataires, certains ne pouvant pas voir, où parfois même ne voulant pas voir les conditions de travail et d’accueil.

Et puis il y a les cadences folles, qui, sous la chaleur accablante, ont vraisemblablement provoqué la mort de plusieurs vendangeurs. L’heure n’est plus aux larmes de crocodile mais à la mobilisation. Tout doit être fait pour empêcher que se reproduise une exploitation indigne dans les Coteaux champenois, inscrits, rappelons-le, sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco.

Il n’est pas illusoire de viser l’exemplarité dans une région qui en a mille fois les moyens. Beaucoup de vignerons défendent une cueillette traditionnelle respectueuse des travailleurs, où les vendanges sont célébrées comme un moment de convivialité. Qu’ils et elles en soient remerciés. Assurer de bonnes conditions de travail tout au long de l’année est la clé pour trouver les employés sans avoir à rogner sur les normes et chercher toujours plus loin la main-d’œuvre. C’est un cercle vertueux, qui pourrait contribuer à l’image et à la renommée du champagne. Et, comme l’ont proposé Fabien Roussel et une trentaine de parlementaires dans une tribune transpartisane, il est temps de régulariser les travailleurs sans-papiers, dans l’intérêt de tous les salariés.

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