Lettre ouverte des élus communistes conseillers municipaux d’Épernay et Conseillers Communautaires d’Épernay Agglo

Section de

« Non, M. LEROY, ressaisissez-vous. Ce ne sont pas des syndicalistes qui ont fait chuter le fret ferroviaire en France, mais plutôt des choix libéraux que vous partagez ».

Lors du Conseil communautaire du 11 avril 2024 à l’occasion de la délibération sur le schéma directeur mobilité à faibles émissions, qui traitait de la transformation des flottes de bus et de camions afin qu’ils roulent avec des énergies plus propres comme l’hydrogène, je me suis exprimée de la sorte :

« On apprécie la volonté mais si on regarde la situation de plus près, face au nombre de camions qui circulent sur notre territoire, et qui sont de plus en plus nombreux, d’autres solutions comme le fret ferroviaire ou l’usage des voix d’eau, doivent être mises à l’étude. De la même manière il y a besoin de repenser le transport en commun afin qu’il réponde aux attentes des salariés et des populations, pour réduire l’usage de la voiture ».

La réponse de Franck LEROY, président de l’Agglomération d’EPERNAY, président de la Région Grand Est et enfin président de l’Agence de financement des infrastructures de transport (AFIT) qui aide à la réalisation de projets à l’échelle nationale avec un budget de 4,6 milliards d’€, a été celle-ci :
« Madame PERREIN je partage votre avis, si la société nationale du Fret dysfonctionne c’est parce qu’elle est gangrénée par vos amis syndicalistes d’un autre âge ».

Je considère que cette réponse est inadmissible. Au mieux il s’agit d’un dérapage. De tels propos contre les organisations syndicales sont dignes du RN. Les syndicats défendent l’outil de travail, les conditions de travail et de rémunération. La seule période où des syndicalistes ont dégradé l’outil de travail, l’ont fait dysfonctionner, ont « gangréné » leur entreprise, c’était pendant la Résistance face à l’occupation nazie et à l’extrême droite au pouvoir en France. Rappelons également que les cheminots ont été à la libération la cheville ouvrière de la reconstruction.

Parlons du Fret maintenant. Il a été sacrifié pour des raisons idéologiques, pour être privatisé. Voilà ce que veut peut-être masquer M. LEROY. Je rappelle d’ailleurs que la Région Grand Est a financé la Coopérative RAILCOOP (à hauteur de 300 000€) qui devait relancer la ligne Bordeau- Lyon et qui s’était lancée dans le fret en Nouvelle Aquitaine. Cette société a baissé rideau comme il fallait s’y attendre… Elle n’a donc pas démontré de miracle dans le fret. Et les fonds de la Région et d’autres collectivités ont été gaspillés pour rien.

Les libéraux ont également beaucoup favorisé le développement d’opérateurs fret de proximité, qui n’ont jamais décollé.

Actuellement, le Fret SNCF est contraint d’abandonner une partie de ses trafics suite à une procédure de l’Union européenne.

Les plans successifs de restructuration, notamment ceux de 2003 portés par la droite, et la dernière réforme de 2018 validée par LREM et ses amis (dont la droite) n’ont tenus aucun de leurs objectifs, à part les suppressions d’emplois. Sarkozy avait promis 25% de part modale pour 2022 avec son grenelle de l’environnement en 2009, nous en sommes loin.

Et le résultat est évidemment une baisse continue des trafics.

L’ouverture à la concurrence devait « augmenter le gâteau », mais pour chaque tonne abandonnée par la SNCF, la moitié a été à la route et seulement l’autre moitié a été récupérée par la concurrence.

Évidemment, pratiquement aucun nouveau trafic n’a été créé. Les soi-disant « génies économiques » de droite devraient apprendre la modestie parce que c’est leur gestion qui a conduit à l’effondrement.

Quant aux salariés de ce secteur, et leurs organisations syndicales, qui ont vu et vécu une pareille incurie avec des choix d’ouverture à la concurrence désastreux, ils ne sont en rien responsables de cette dégringolade. Et ils n’ont pas à subir des propos affligeants de la part d’un président d’Agglo et de Région a qui nous conseillons de bien regarder les causes de l’échec de l’ouverture à la concurrence du fret, pour ne pas reproduire ces erreurs avec le transport voyageur TER.