La bouteille de lait vendue par Lactalis contient le lait que les agriculteurs produisent et qui est vendu entre 35 et 40 centimes du litre. Cette bouteille est vendue trois fois et demie plus chère dans les grandes surfaces. Entre deux, le PDG de Lactalis, (6ème fortune de France) gagne énormément d’argent. Et c’est là tout le malaise de l’agriculture dans notre pays. Il y a ceux qui travaillent des heures et des heures pour produire le lait de cette bouteille et il y a ceux qui s’enrichissent davantage en la vendant.
Le vrai problème est donc le prix des produits, tenu par des oligopoles. Prenons l’exemple du marché français du veau qui est dominé par deux entreprises néerlandaises Denkavit et Van Drie (dont cette seule entreprise pèse 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires). Le problème n’est donc ni les normes, ni les écolos. Les agriculteurs vendent à l’industrie agroalimentaire.
S’ensuit la logique classique, banale, du capitalisme. Le paysan s’industrialise davantage, il fera du hors sol, cédera pour de plus grands élevages et ainsi il sera prisonnier du carcan du prêt bancaire à rembourser. La boucle est bouclée par les gouvernements capitalistes successifs, la banque publique d’investissement, Kohlberg Kravis Roberts & Co (associé de BlackRock) et la FNSEA, puisque ce sont les projets de ces derniers qui ont mené à cette financiarisation de l’économie qui prive l’agriculteur de ce qui lui revient.
Le paysan n’a donc plus rien entre les mains, sauf s’il vend au détail ou dans les circuits courts (ce qui ne représente que 3 milliards sur 76 milliards de la ferme France).
Mais qu’en est il de ce brave paysan également président de la Fédération Nationale des Syndicats d’Exploitants Agricole (FNSEA) ? Oui nous parlons bien de celui qui est à ses heures perdues président du conseil d’administration du groupe financier Avril et d’une quinzaine d’autres entreprises les unes plus florissantes que les autres grâce à ce système libéral que ce chère Arnaud Rousseau adule. Ce diplômé de l’European Buisness School de Paris ne connaît l’agriculture qu’aux travers de données comptables pour les marchés financiers. Cette caricature du businessman hypocrite est à l’image des contradictions de notre système. Il défend une agriculture productiviste pour nourrir les Français, mais cède avec joie la récolte de ses 700 hectares dans l’export. Porte-parole autoproclamé des agriculteurs qui se plaignent de l’augmentation des taxes sur le gazole non routier, tout en en ayant déterminé le prix.