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Déshonneur médiatique : sur le traitement du conflit au Proche-Orient

Le 30 septembre marquait le début de l'invasion israëlienne au Liban. Nous savions que les médias français grand public se faisaient le relais de la propagande israélienne dans le conflit palestinien, donnant lieu à des exemples honteux de déshumanisation des populations de Gaza. Nous pensions que l'invasion d'un pays allié et francophile sans déclaration de guerre, le nombre élevé de morts et les provocations et attaques répétées des israéliens contre les casques bleus de l'ONU – comprenant notamment des soldats français – leur feraient modifier cette orientation belliciste. Que nous étions naïfs !

Il suffit de regarder la manière dont FranceInfo, chaîne publique, parle de l'invasion israélienne au Liban : on y parle « d'une opération » uniquement tournée contre le Hezbollah, on passe des images de Netanyahu célébrant « cette victoire », on montre quelques ruines, quelques gravats, tout en mentionnant quand même que les secouristes cherchent encore des dizaines de cadavres sous les décombres. Pas une image des plus de 1000 victimes libanaises tuées dans les bombardements. Vous ne verrez pas leurs visages, vous ne verrez pas leurs familles éplorées.

La chaîne sait toutefois se montrer émotive quand il le faut. Lorsque l'Iran réplique par l'envoi de missiles sur Israël, le discours change. On parle de « scène de terreur à Tel­ Aviv», de « menace venu du ciel », de « cris de paniques ». On montre des officiers de police et des pompiers, des visages paniqués. L'attaque fera un mort – un palestinien cisjordanien.

De même, dans son JT du 14 octobre, France 2 consacre 1 minute et 19 à une attaque du Hezbolah ayant fait quatre morts, nous régalant de longues séquences où des militaires amènent sur un brancard un de leurs camarades blessés sur fond de sirène de police et entrecoupées de discours de l'état­-major israélien. Le bombardement par Israël de l’hôpital Al­-Aqsa de Deir al-Balah à Gaza le même jour et avec le même nombre de victimes aura lui droit à 9 secondes. Assez toutefois pour que le journaliste relaie la version israélienne de l'événement.

A part la gauche, qui s'est ému de ce massacre ? Il n'y a que De Villepin pour sauver l'honneur d'une droite avilie dont les « valeurs » proclamées ne sont plus qu'un mince paravent ne dissimulant plus leur soumission à l'impérialisme américain. Où est­-elle cette droite qui nous rabâche la « France éternelle » alors qu'un pays allié voit ses frontières assaillies en tout illégalité ? Où est­-elle cette droite qui se réclame du gaullisme alors que la solution à deux états telle que la défendait De Gaulle est abandonnée au profit d'un alignement total sur Israël ? Où est­-elle cette droite, défenseur autoproclamée des chrétiens d'Orient, alors qu'un pays comptant 40% de chrétiens est envahi, alors que les églises du sud-­Liban sont bombardées sans pitié, qu'on compte déjà plus d'un million de déplacés ?

A l'inverse toute position pro­palestinienne ou même critique d'Israël, est dénigrée, désignée comme
antisémite, donnant parfois lieu à des absurdités. On a ainsi vu Caroline Fourest traiter d'antisémite… Michèle Sibony, juive d'origine marocaine et porte parole de l'Union Juive Française pour la Paix ! On en rirait si la situation n'était pas si dramatique, si cette récupération honteuse de l'antisémitisme ne constituait pas un danger profond. Elle transforme un conflit colonial en conflit religieux : il ne s'agirait plus d'une lutte des palestiniens pour leur liberté, mais d'une guerre confessionnelle entre juifs et musulmans.

Le Parti Communiste, lui, reste fidèle à ses principe. Il réaffirme la position qui a toujours été la sienne : celle d'une paix durable au Proche et Moyen-Orient. Mais cette paix ne peut advenir qu'avec la fin de l'invasion du Liban, la fin de la colonisation israélienne en Cisjordanie et la création d'un véritable état palestinien.

Cédric C.

Secteur
Reims
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